Accueil Attlas
Page utilités--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Utilités
Accompagner les acteurs des territoires
Il n’est plus la peine de souligner le poids grandissant des acteurs territoriaux dans le développement économique et social. Les politiques publiques sont en effet soit relayées, soit directement développées dans les territoires. Par ailleurs, l’attractivité des territoires est aujourd’hui un enjeu fort, et ce d’autant plus que les mutations économiques, sociales et démographiques semblent s’accélérer.
Aussi, convient-il d’accompagner les acteurs des territoires pour faire face à ces nouveaux enjeux, en leur donnant par exemple les moyens de distinguer la démographie de résidence de la démographie du travail, et plus largement pour mieux contextualiser leur situation, mieux définir ce qui fait problème et mieux débattre des priorités et des modalités d’action pour mieux agir en conséquence. Car les territoires sont l’espace d’action des partenaires, et qu’ils sont aussi les lieux où s’observent, pour les catégories sociales les moins élevées en particulier, les constructions des relations entre vie et vie au travail, à travers la relation à l’emploi.
C’est une clef d’entrée à la fois sur les parcours professionnels et sur les trajectoires d’usure, et une nécessité opérationnelle pour incarner l’action collective pour la gestion des âges.
Une démarche expérimentale est d’ores et déjà engagée en collaboration avec l’ARACT des Pays de la Loire et le CARIF-OREF
www.paysdelaloire.aract.fr
www.cariforef-pdl.org
www.drtefp-paysdelaloire.travail.gouv.fr
clcbe.travail.gouv.fr//rencontre_CBE_dossier.pdf
Accompagner les acteurs de branches
Les branches professionnelles regroupent les entreprises d’un même secteur d’activité et relevant d’un accord ou d’une convention collective. Les enjeux de formation et d’embauches des jeunes y sont prépondérants, d’autant plus dans un contexte de retournement démographique et de rétrécissement du volume de main d’œuvre.
Aussi, convient-il d’accompagner les acteurs de branches dans l’animation du dialogue social et de les outiller en vue d’adapter leurs politiques de formation aux contextes territoriaux et aux spécificités locales des bassins d’emploi.
L’accompagnement par la démarche ATTLAS vise à former les acteurs à un outil d’analyse collective des liens entre âges, travail, emploi et territoires, d’assistance à la problématisation par des mises en scène cartographiques de données diverses, et d’animation d’espaces d’échanges collaboratifs.
Une démarche expérimentale est d’ores et déjà engagée en collaboration avec l’inter-secteur du papier carton (Formapap) et l’observatoire de la prospective des métiers et des qualifications.
www.formapap.com
Page - Principes et méthode -------------------------------------------------------------------------------------------------
Principes et méthode
De l’approche " Macro " à l’approche " Micro "
Si le retournement démographique lié au papy-boom est incontestable sur un plan macrosociologique et s’il fait figure d’évidence pour les experts et les professionnels en la matière, le phénomène est encore insuffisamment pris en compte au niveau microsociologique et dans le monde de l’entreprise en particulier. Il apparaît encore aujourd’hui mal aisé passer d’un niveau à un autre, ou encore de passer d’un monde à l’autre. Aussi, pour faire en sorte que ce phénomène global trouve sa place au plan local, une approche mésosociologique, qui prend appui sur les acteurs des territoires et les acteurs de branches autant qu’elle les accompagne, peut s’avérer décisive pour favoriser l’intégration et la prise en charge des enjeux liés à la gestion des âges.
La carte comme outil de partage des connaissances
ATTLAS matérialise une démarche de rapprochement de données institutionnelles hétérogènes et de rassemblement d’acteurs d’horizons différents autour d’enjeux liés au travail, à l’emploi, à la santé, à l’âge et au territoire. Dans cette démarche, la carte apparaît comme un objet intermédiaire entre les tableaux statistiques, les discours publics et les actions collectives au sens où elle facilite autant l’appropriation des données institutionnelles que la valorisation et la mise en mouvement de savoirs locaux.
La confrontation de données institutionnelles aux savoirs empiriques contribue à la constitution d’un contexte de sens par la construction d’un savoir partagé visant à orienter l’action collective. La carte apparaît comme le médium d’une situation réflexive, qui repose plus sur une entente des participants sur les relations entre les facteurs et leurs évolutions que sur une entente sur les seuils. Ainsi, les cartes produites dans cette démarche ont une visée réflexive et dialogique, mais non- programmatique.
Coprésence et comparaison
ATTLAS se fonde sur une approche géographique de la co-présence de phénomènes sur un même territoire. La co-présence se caractérise par le rassemblement et l’agrégation en un même lieu de réalités sociales distinctes. Cette co-présence de phénomènes sur un même territoire n’implique pas nécessairement leur corrélation mais participe en revanche à l’agencement d’un contexte territorial.
De plus, les relations de co-présence ne sont interprétables qu’au regard d’une approche comparative entre les territoires. Ces relations posent des questions de structuration de l’espace d’action des partenaires et de sa régulation.
Page méthodologie---------------------------------------------------------------------------------------------------------
Inspiration
maillage
sémiologie
Scénarisation de données
Dans ce document, en partant des documents présentés sur ce site ( cartes commandées par un texte) il s’agit de remonter aux fondement du projet Attlas dont ces documents ne sont qu’un aspect particulier.
Seront abordés successivement
Partons pour cela de la présentation des documents mis en ligne.
Scénarisation de données : le Mode hypertexte
Le texte de gauche comporte des boutons qui permettent d’activer l’affichage de données sur un fond de carte. Cependant la carte n’est pas qu’une simple illustration. Elle peut être modifiée par l’internaute. Les modifications peuvent
Les documents présentés dans cette interface sont qualifiés d'hypertextes car ils comportent des fonctions actives différentes de textes classiques. Ces fonctions sont bien des liens, à l'instar des hypertextes que l'on trouve sur Internet et plus généralement en informatique, et qui renvoient à la notion d'hypertexte comme ensemble de connaissances reliées entre-elles par un ou des schèmes. Mais les hypertextes présentés ici se distinguent des hypertextes courants sur deux plans.
Cependant la carte n'en est pas moins un objet à lire, à interpréter et à commenter. De ce point de vue, comme un texte, son interprétation appelle des savoirs exogènes au texte lui-même, savoirs mobilisés par le " lecteur " (ici la connaissance du terrain, les représentations sociales sur les thèmes abordés, l’expérience...). Mais ces savoirs exogènes au contenu formel des textes et cartes, ne sont pas livrés aux seuls registres d'interprétation des "lecteurs" pas plus qu’ils ne sont l’expression du point de vue d’un auteur. Ils sont articulés entre eux ou, tout au moins, liés entre eux par un schéma qui est précisément le scénario qui organise la partie proprement textuelle de l'hypertexte ; de même qu’ils sont liés entre eux par les cadre communs de représentation que sont la carte. On parle ainsi de mise en scène de données et de scénarios de rapprochement de données.
Nature du matériau publié ici
La publication au service d’un processus de travail.
Une démarche d’élaboration en groupe ou sur un mode collaboratif à distance
En réalité, le procédé de travail en groupe, ou sur un mode collaboratif, est au cœur du projet Attlas de l'anact. Dans le projet Attlas, de tels processus de travail sont conduits, sous forme d'ateliers, dans trois types de configurations qui peuvent se conjuguer entre elles :
Les outils mobilisés dans ces situations de travail (interface d’élaboration de cartographie dynamique et hypertexte collaboratif) ne sont pas des outils de description du réel qui se suffisent à eux mêmes, pas plus qu’ils ne sont des outils de programmation des dispositifs.
En effet, au service des acteurs impliqués dans ces configurations de travail, le projet Attlas se veut avant tout une démarche d'appui à l'élaboration collective d'analyses des situations territoriales à partir d'une préoccupation donnée (en l'occurrence ici, la relation âge travail, emploi territoire.), autrement dit , Attlas est avant tout une démarche d’assistance à la problématisation.
Il s’agit de soutenir l'émergence "d'un sens commun" qui facilitera la convergence de l'action des différents acteurs impliqués.
Ainsi les cartes n'ont-elles pas vocation à être diffusées en dehors de ces scènes de travail ou en dehors des hypertextes qui les relient entre elles et leur donne un sens particulier
Au cours de ces processus de travail, la lecture partagée des cartes doit permettre aux participants :
Cette démarche est soutenue par le développement d’outils (cartographie dynamique, outil de façonnage de données, éditeurs et wiki collaboratif) rassemblés dans un package dont la présente interface n'est que l'outil de publication sur Internet.
Cadres, partis pris et technologie mis en œuvre.
Le cadre R&D du développement des outils.
Cette interface de publication est basées sur un noyau actif : l'interface GaïaMundi de cartographie dynamique initialement développée par Cité Publique et augmentée dans le cadre d'un chantier de R&D sociotechnique conduit par l'Anact ; Ce chantier de R&D s'inscrit dans le programme ATEON (Age travail emploi Observatoire national) mis en œuvre par l'Anact avec le soutien du FSE.
Engagée au printemps 2006, ce chantier de R&D Attlas arrive, au printemps 2008, sur son volet technologique, au terme de sa phase de production d'un démonstrateur. Le passage à une phase dite d'industrialisation (ie de diffusion ou de déploiement) nécessite encore de finaliser le volet "socio" de la R&D socio-technique. Cette finalisation est en cours à travers des expérimentations en partenariat avec des branches professionnelles, des acteurs engagés dans des dynamiques territoriales, et à travers un cycle d'ateliers associant non seulement les acteurs des chantiers d'expérimentation, mais des professionnels et des chercheurs ou encore des institutions partenaires de l'anact.
Interdépendence des choix tecnologiques et des finalités du projet Attlas.
Options technologiques
L'interface GaïaMundi est basée sur une technologie Web . Le parti pris de base est celui d'une technologique Client, basée sur un standard libre, stabilisé et évolutif (le standard W3C). GaïaMundi est à l'origine diffusé en licence libre GNU GPL; ce qui rend le projet compatible avec les financements européens qui excluent toute propriété exclusive des réalisations ; et oblige à les verser au domaine public.
Outre l'intérêt d'être un outil multi plate-formes et portable (c'est à dire qu'il fonctionne sans serveur sur un ordinateur courant), ce parti pris d'une technologie client repose sur une évaluation stratégique des évolutions technologiques sur Internet , en particulier sur le plan des technologies au standard W3C libre qui présentent les meilleures garanties de stabilité des versions au fil des évolutions, et qui sont en phase avec le parti pris de la technologie Client par les grands navigateurs conformes au W3C ( FireFox Mozilla, toute la génération Geico et plus récemment Safari v3 pour mac).
Les langages utilisés dans le projet Attlas (noyau GaïaMundi) sont :
A l'origine du projet, il y avait un risque d'isolement technologique du coté de la technologie d'affichage graphique. La seule technologie de graphisme vectoriel libre (nécessaire au dessin des cartes) et conforme au standard W3C est en effet le SVG qui était en 2006 peu développé du fait de la concurrence du standard Flash . Bien que d'usage libre pour l'internaute, Flash est néanmoins une technologie propriétaire, ce qui, comme on le voit aujourd'hui avec Apple, ne manque pas d'imposer des contraintes de licences lorsque les produits ont un succès industriel.
Aujourd'hui, non seulement certains sites institutionnels ont adopté la technologie SVG (en particulier le site d'EuroStat) pour être phase avec l’esprit et la lettre des directives européennes relatives au développement technologique supporté par des acteurs publics, mais de plus, Apple MacIntosh est en passe d'adopter la norme SVG comme norme industrielle (sur Ipod notamment). Il résulte de ces ajustements que les navigateurs vont maintenant optimiser le traitement du SVG. Ces évolutions vont aussi avoir pour effet que le monde des "développeurs libres" autant que le monde du "breveté" vont développer des bibliothèques de fonctions graphiques de haute qualité qui n'existent pas encore aujourd'hui dans cette technologie, une inexistence qui rendait le développement dans cette technologie coûteux.
Déjà, après avoir intégré dans sa version 2 le SVG comme technologie par défaut (sans pluggin), dans sa version 3, l'interface de navigation Firefox de Mozilla , a clairement opté pour une stratégie de développement en technologie Client (c’est à dire où l’ordinateur de l’internaute est plus sollicité que le serveur distant). L’interface graphique de ce navigateur devient peu à peu un véritable système d’exploitation secondaire ,ces nouvelles capacités suscitant de nouveaux développements logiciels.
Cette évolution de la version 3 de Firefox a ainsi permis de diviser par 4 le temps d'exécution des fonctions de calcul et d'affichage de GaïaMundi. Cette accélération devrait encore être plus spectaculaire avec FioreFox 4 qui contiendra un compilateur javascript.
Ajouté à cela, le développement du SVG au niveau industriel devrait permettre d'atteindre bientôt des performances proches de celles de la technologie Flash.
Options technologies et innovation sociale
Cependant au delà de la dimension purement technique des choix technologiques, le projet Attlas a d’emblée été situé dans la perspective de l’amplification des potentialités innovatrices du Web qui sous-tendent les évolutions technologiques actuelles, amplification visée en réalité par des acteurs comme Mozilla, notamment en matière d’hypertextes, de multimédia etc, c’est à dire dans toutes des formes du web qui recourent à la fois à des formes graphiques animées , à des textes et à des sons,
Reposant au départ sur la performance toujours croissante des ordinateurs et des flux de réseaux, le parti pris du développement des interfaces graphiques a conduit les concepteurs à doter les navigateurs d’une très grande capacité de calcul.
De manière corollaire, cette nouvelle puissance de calcul a fourni des nouvelles potentialités de traitement de grandes quantités de données, en temps court et à faible coût.
Cette convergence entre la priorité graphique des technologies et la capacité de calcul induite ouvrait dès lors la possibilité de nouvelles applications ou interfaces dynamiques qui innovent en matière de langage symbolique, de sémiologie, en matière de scénarisation ; ouvrant , dans le même mouvement, la voie à la recherche de nouvelles formes de mise en scène des connaissances et des savoirs.
A travers ces nouvelles formes de mises en scènes des connaissances et des savoirs, ce sont avant tout les enjeux d’accessibilité , de diffusion , de transfert et de partage qui sont en question.
Attlas et la recherche de nouvelles formes de mise en scène des connaissances et des savoirs.
Attlas se situe précisément à la croisée de ces enjeux, tant sur le plan des finalités (partage, transfert, accessibilité) que par son objet concret : le rapprochement et contextualisation de données sur le travail, l’âge et l’emploi
En effet, il s’agissait de penser à la fois :
Ces axes de recherche et développement ont ainsi conduit à définir deux grands chantiers :
1 – formaliser des méthodologies de rapprochement de données hétérogènes au plan statistiques (sources différentes, échantillonnage différents, …), et les conditions et limites d’usage de ces méthodologies.
(Cf. Utilités et principes sur lesquels repose le rapprochement cartographique de données dans le projet Attlas et qui ont orienté l’évolution du noyau GaïaMundi).
Cependant, au delà des outils techniques et des procédés de rapprochement de données, et au delà de leurs fondements théoriques, la méthodologie et la technologie sont ici étroitement liées .
En effet , les propriétés dynamiques et interactives des outils devaient soutenir des procédés et des processus d’appropriation des données rapprochées reposant autant que possible sur des approches intuitives et sur des pratiques de raisonnement inductif plutôt qu’hypothético-déductif. Ceci :
Les modes inductifs et intuitifs semblaient être en tout état de cause les plus en phase avec l’objectif d’introduire des démarches réflexives partagées dans le processus même de l’action concertée de réseaux d’acteurs hétérogènes intervenant dans des contextes singuliers bien qu’en même temps sujets à comparaison.
Ce point de vue a conduit à privilégier des choix en matière de :
Ces aspects sont développés plus bas dans ce document
2 – formaliser des méthodologies d’accessibilité, de diffusion et de transfert des savoirs adaptées aux objectifs du projet.
Ici encore la méthodologie et la technologie sont étroitement liées. Il s’agissait en effet que les outils permettent non seulement des formes de travail collectif en groupe, mais permettent aussi des formes collaboratives en réseau à distance ; ceci
A la jonction de ces deux axes de recherche, compte tenu du leur intrication, et à l’appui des potentialités que permettent les technologies du web actuel (réseau, hypertexte…), le projet technologique d’Attlas repose ainsi sur une conception extensive de la notion d’hypertexte . Cette conception est articulée autour de trois idées :
On part ici de l’idée que le passage de la problématisation à l’opérationnalité dans l’action gagne en pertinence et en acuité s’il s’opère par des médiations de sens et d’expérience exogènes au contexte qui détermine la posture des acteurs, et/ou s’il s’opère en temps différé. C’est à dire des médiations qui permettent de se voir en train d’agir et de penser l’action.
La finalité d’une approche extensive de l’hypertexte est ainsi de diversifier ces médiations,( autres situations, autres approches, autres interprétations, nouvelles ressources…) et par là d’augmenter la capacité des acteurs à agir sur leur environnement sans subordonner systématiquement leurs démarches réflexives aux contraintes des dispositifs opérationnels.
La multiplicité et l’hétérogénéité des acteurs, des rationalités, des finalités, des codes implique des interprétations différentes et des soubresauts dans la dynamique de décision
Les processus de traduction apparaissent comme incontournables et opératoires dès lors que :
Ainsi dans l’approche qui sous-tend le projet Attlas, l’hypertexte est compris comme un dispositif dynamique qui articule à la fois des lieux et des sites, des espaces et des moments , des pratiques collectives et des formes de coopération en réseau, des savoir révélés dans l’action et des savoirs construits, ..
Dans cette conception, les objets technologiques sont ici des opérateurs de traductions (des actants), des " objets frontière " au sens où ils suscitent des décalages de posture pour des acteurs qui peuvent se retrouver sur les lieux communs de sens.
Sven Grillet, chargé de mission à l’Anact et porteur du projet dans sa phase initiale parlait alors d’épaissir la frontière entre les catégories de sens courant mobilisées par les acteurs, l’épaisseur du trait de la frontière devenant précisément le lieu commun où les acteurs se retrouvent et regardent ensemble les mondes auxquels ils appartiennent.
La technologie, pour cela doit permettre l’intrication du virtuel et des pratiques réelles. De manière concrète : les outils doivent pouvoir s’insérer dans les pratiques d’acteurs et ces pratiques doivent pouvoir diffuser dans les réseaux.
Notons que cette conception extensive de l’hypertexte, et en particulier les notions d’objet frontière et d’interpénétration des modes virtuels et des pratiques réelles, est l’une des constantes qui sous-tend la conception de la plupart des outils développés dans le cadre du programme ATEON de l’Anact : Attlas, Iliade, enquête 10 000, outils démographique.
Géographie de la co-présence, sémiologie, et modalités de mise en scène
La méthodologie de rapprochement de données mise en œuvre dans Attlas repose sur quatre énoncés :
En jouant des propriétés dynamiques de la mise en scène cartographique des données, on place le groupe de participants à un atelier en situation de construire ensemble une lecture des agencements significatifs entre phénomènes ou facteurs représentés par les données.
La démarche proposée est délibérément inductive et constructiviste.
Cette démarche repose sur la stabilité de la carte comme lieu commun.
En réalité, la carte est un objet de la même espèce qu’un tableau. On se réfère ici aux travaux de L’anthropologue Jack Goudy , qui a montré que le tableau apparaît dans l’histoire de l’écriture à la suite des listes descriptives, comme la première entreprise de classification systématique du réel. Après avoir pratiqué des classements par listes en regroupant les noms d’objets par catégories, le tableau est apparu comme schème de classification supérieur en mettant en scène des relations entre des catégories.
Ce faisant, les premiers praticiens de l’écriture découvraient un processus de représentation du réel détaché du réel lui-même qui allaient marquer durablement les civilisations. Une illustration de ce détachement est donnée par le fait que dans cette pratique de classification, qui peut être cohérente en elle-même, il peut arriver que les croisements logiquement opérables dans le tableau ne correspondent à aucune occurrence observable dans la réalité.
Par exemple, si l’on a en colonne les classes d’objets contenants et en ligne des classes d’objets contenus telles qu’elles se donnent à voir dans la nature alentours, la relation vache-incluse-dans-pré trouve une occurrence observable mais sa réciproque non. Si l’on trouve bien des-oiseaux-dans-les-arbres , en revanche il est peu probable d’observer même une seule fois un éléphant-dans-un-arbre .
La cohérence d’un tableau et son intelligibilité réside dans le schème qui détermine la nature des relations qu’il met en scène. Mais cette logique d’abstraction présente un caractère transcendantal qui est en tension avec une raison pratique et pour en faire un usage concret, il convient d’éprouver le schème dans le champ concret de l’expérience.
Pour expliciter cette conception du schème, on peut emprunter à XXX cette définition : le schème de l’araignée est sa toile.
La vertu de la carte comme tableau est qu’elle fourni d’emblée un schème commun, mais celui-ci n’est pas explicite et le travail de rapprochement de données a précisément pour objet de conduire le groupe de participants à élaborer une appréhension collective de ce schème.
De ce point de vue, les savoirs mobilisables par les participants au groupe sont en principe égaux devant l’exercice. Il ne s’agit pas en effet de proposer des explications, ni de dégager des lois de causalité (ou des corrélations) , mais de dégager des significations partagées des relations de co-présence de phénomènes décrits par le rapprochement de données, en s’attachant précisément à comprendre les conditions et les implications de la relation de co-présence.
L’effort d’analyse est porté sur l’effectivité de la représentation du réel par " l’hyper tableau " qu’est la carte, L’effectivité de la représentation du réel est ici accessible par l’analyse des relations : relation entre facteurs et territoires, relations entre facteurs sur la trame des territoires. Le procédé d’appréhension mobilisé est alors celui de la contextualisation, en mobilisant pour cela différents types de savoirs : expérientiels, institutionnels, scientifiques… et en procédant par comparaison avec les territoires environnants.
Un tel processus d’analyse nécessite de s’affranchir au préalable des significations pré construites :représentations sociales attachées à des grandeurs symboliques (comme le taux de chômage par exemple) , aux positions sociales et aux interactions afférentes dans le groupe…),
De même qu’il est nécessaire de réincarner par des contenus sociaux les grandeurs abstraites représentées par les nombres, pour tenter de comprendre comment les relations se distribuent sur la carte, c’est à dire pour accéder à la dimension sociale du schème et discuter l’effectivité de sa représentation du réel.
En réalité il s’agit là d’un processus de cognition complexe en ce sens qu’il s’opère dans un constant allé retour entre l’abstraction schématique et le plan de l’expérience. Tout l’enjeu social et pédagogique de la conception de la démarche a consisté à tenter des réduire les effets inhibiteurs de cette complexité sans perdre en contenu et en accessibilité, ni en rigueur méthodologique.
Outre la méthodologie et les procédés d’animation de tels groupes de travail, c’est avant tout dans le recours à une sémiologie adaptée que réside la possibilité de succès de ce type de processus.
On se réfère pour cela à Jacques Bertin, sociologue et géographe français, pour qui toute relation entre quantités est représentable par des formes graphiques explicites, et en particulier à son œuvre théorique (notamment son ouvrage la " Graphie ") qui formalise une théorie de la représentation graphique des quantifiés statistiques et de relations entre facteurs, en particulier dans la cartographie statistique. (il a aussi largement travaillé sur d’ autres systèmes de représentation plane comme l’analyse en réseau etc.) . Dans la même lignée, on se réfère aussi à Sibois, lui aussi sociologue, et à son importante contributions théorique et pratique à l’analyse de données.
Tout deux, (Sibois est d’ailleurs un héritier fécond de Bertin) nous conduisent à :
Si, par exemple, on observe sur une carte deux modalités de co-présence typiques dans la géographie :
Plutôt que de postuler un loi générale (ici on serait tenté de conclure que la fréquence d’accidents est inversement proportionnelle à la densité d’effectifs salariés dans les territoires), et de lui chercher une explication de type causale ou corrélative, on s’intéressera plutôt à repérer les situations atypiques et à les contextualiser - voir l’exemple en ligne sur la région bourgogne).
On privilégie ainsi l’étude des marges ( en particulier leur connexité géographique) pour caractériser les distributions par leur conditions de co-présence. (ce qui n’exclue pas l’hypothèse d’une loi générale qui devrait tenir compte des contextes . Ce qui ne prive pas non plus les acteurs un accès aux conditions de validité d’une telle loi puisque si elle se confirmait, elle se déclinerait dans des conditions situées qui sont elles mêmes déjà rendues accessibles par l’approche contextualisée des relations et des marges)
Pour soutenir cette logique d’analyse, et rester en cohérence avec elle, en particulier pour susciter un raisonnement sur les relations avant de revenir au grandeurs proprement dites ( valeurs et quantités représentés par les nombres), ce sont des classifications automatiques par classes d’effectifs égaux qui ont été choisies ( en particulier la partition par la médiane et plus généralement par les quantiles)
Les outils de mise en scène cartographique ont été développés pour maximiser ce type de raisonnement. En particulier, outre la sémiologie, ont été introduites des fonctionnalité interactives aussi souples que possibles pour " faire bouger la carte " ; permettant ainsi aux participants de voir comment les phénomènes et leurs relations se déploient dans la géographie (variation des bornes des classes, passage d’une représentation hiérarchique à une représentation non hiérarchique, traçabilité des groupes de territoires marqués par une relation pour étudier la stabilité ou non de ces groupes au regard d’autres phénomènes, permutabilité rapide des données …). Soient des fonctionalités qui n’auraient pas été possible à mettre en œuvre de manière souple dans le contexte technologique d’il y a seulement deux années en arrière